Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/22

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réserve, je l’ai toujours observée ; elle n’a point satisfait les communards. Pour leur plaire, il faudrait démontrer que Mgr Darboy a assassiné Vérig et que Chaudey a fusillé Rigault. Cette histoire à l’envers n’est point mon fait et je laisse volontiers le soin de l’écrire à ceux que leurs passions ont aveuglés.

Plaise à Dieu que le récit de cette lugubre aventure en épargne le retour à la ville incomparable et terrible dont j’ai essayé de raconter la vie normale et les convulsions plaise à Dieu, comme dit le chœur dans les Euménides d’Eschyle, « que jamais, au sein de notre cité, la discorde, insatiable de crimes, ne fasse entendre ses clameurs, que jamais la poussière ne soit abreuvée, ne soit rougie du sang des citoyens, que l’intérêt de l’État domine dans tous les cœurs, que l’un pour l’autre les hommes soient pleins d’amour ! » Puissent ceux qui viendront après nous vivre loin des malheurs qui nous ont accablés! Puisse le vaisseau symbolique de Paris, échappé déjà à tant d’orages, ne pas faire mentir sa vieille devise : Fluctuat nec mergitur ! Qu’il vogue avec bon vent de fortune, et que jamais il n’ait à lutter contre les tempêtes déchaînées par l’alcoolisme, l’ignorance et l’envie.

M. D.

Janvier 1881.