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LES DOMINICAINS D’ARCUEIL.

alors vers les jurés et leur dit : « Messieurs, ce témoin est jugé par vous[1] ! »

iv. LES DOMINICAINS D’ARCUEIL.

Pourquoi la Santé n’a pas été détruite. — La geôle du neuvième secteur. — Sérizier. — Le 101e bataillon. — L’école d’Albert le Grand. — Ambulance. — Louis Boin dit Bobèche. — Prétendu signal aux Versaillais. — On s’empare de l’école. — Arrestation des dominicains. — Transférés au fort de Bicêtre. — Vol avec effraction. — Ivrognerie. — Évacuation du fort de Bicêtre. — Les dominicains transférés à la geôle du neuvième secteur. — Requis pour aller construire des barricades. — Refus. — La situation militaire devient périlleuse. — Sérizier décide le massacre des dominicains. — Les femmes pendant l’insurrection. — La chasse aux prêtres. — Massacre. — Cour martiale. — Sérizier s’esquive. — Une veuve. — Arrestation de Sérizier. — Sérizier et Bobèche sont exécutés.

Comment se fait-il que la prison de la Santé ait été épargnée et que les otages qu’elle contenait n’aient point été assassinés ? Ferré a cru que l’on avait exécuté ses ordres et Sérizier était persuadé que la maison avait été incendiée. De la Butte-aux-Cailles il avait fait diriger sur la prison le feu de son artillerie ; un obus enflamma un chantier de bois, le chantier Hunebelle,

  1. Le chef du service de la sûreté pendant la Commune fut Philippe-Auguste Cattelain, dessinateur de mérite, qui exerça sa fonction avec douceur et, plus d’une fois, profita de sa situation pour sauver des persécutés. Arrêté et enfermé à Mazas, il raconte une entrevue qu’il eut avec M. Claude dans des termes que nous reproduisons, car ils font l’éloge des deux personnages. « Hier, écrit Cattelain, M. Claude est venu me voir, m’apportant des consolations, des espérances et de l’argent ; décidément, il y a encore quelques hommes de cœur sur terre. Cet homme qui, pendant que je tenais son emploi, gémissait dans une autre prison et n’a échappé à la mort que par miracle, n’a pas une goutte de fiel. Que ne l’ai-je connu plus tôt ! je ne me serais pas rebuté de demander sa grâce, et, par un de ces efforts d’énergie dont j’ai donné quelques preuves pendant l’insurrection, j’aurais mis un honnête homme de plus en liberté. »