Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/30

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La défiance entre les généraux et la garde nationale était excessive ; on doit se hâter de le dire, pour expliquer ce phénomène de toute une population en armes dont on ne parvint pas à faire une armée. La garde nationale était très irritée — et les meneurs avaient soin d’entretenir son irritation — contre l’élément exclusivement, militaire, auquel elle attribuait d’une façon absolue les désastres dont nous avions été frappes dans l’Alsace, et dans les Ardennes. Elle n’avait donc aucune propension a se soumettre aux ordres qu’elle eu pouvait recevoir ; elle se tenait systématiquement en défense contre leur capacité[1] et même contrôleur patriotisme ; chez chacun des généraux elle soupçonnait quelque arrière-pensée politique, et ne se souciait pas de s’associera des projets qui du reste n’existaient que dans son imagination. Les hommes des bataillons de Paris qui échappaient à ces préoccupations, ceux qui, faisant abnégation de tout esprit de parti, ne considéraient que l’intérêt du pays, ceux qui croyaient que l’expérience militaire est indispensable pour commander des armées et même des régiments, étaient rares et appartenaient à une catégorie de monde dont la place n’est ni dans la rue, ni au cabaret. Ceux-là étaient sans action sur les foules, car ils ne s’y mêlaient guère ; sans influence sur les bataillons dont ils faisaient partie, car ils obéissaient et ne discutaient pas.

Les généraux, les officiers supérieurs, qui auraient pu discipliner la garde nationale et en faire un bon élément de résistance, n’avaient, en elle aucune confiance. Ils en redoutaient, le contact avec leurs soldats

  1. La défiance contre l’armée régulière était telle, que dans la séance du 13 septembre, au conseil du gouvernement, M. Étienne Arago demande la construction de barricades, pour lesquelles il faut rompre avec toutes les routines du génie militaire.