Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/34

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compta ni 25 000 morts, ni 20 000, ni 10 000, ni même 1000 morts ; mais elle perdit Henri Regnault et Gustave Lambert : ce deuil aurait dû être épargné à la France.

Le 22 janvier, quelques futurs membres de la Commune, sous prétexte de reprendre les hostilités et de ne signer la paix qu’à Berlin, tentèrent un coup de force pour s’emparer de l’Hôtel de Ville ; ce fut une échauffourée dont les quartiers voisins eurent à peine connaissance[1]. Paris l’ignora ; au premier coup de fusil, les insurgés se débandèrent, laissant peu de chose sur la place. Cette journée eut des résultats lointains qui n’éclatèrent qu’aux dernières heures de la Commune. Le bataillon qui attaqua l’Hôtel de Ville fut le 101e, des environs de la barrière d’Italie ; il avait pour commandant un corroyeur nommé Jean-Baptiste Sérizier. Arrêté en flagrant délit d’insurrection et de violation des lois, il allait être jugé par une cour martiale rapidement formée, lorsqu’il fut relâché sur l’intervention d’un des membres du gouvernement. Sa mort eût épargné plus d’une victime, car ce fut lui qui fit tuer les dominicains d’Arcueil et incendier les Gobelins.

L’armistice fut signé ; on sait au prix de quels sacrifices. À ce moment, la garde nationale de Paris comptait 28 000 officiers. Dès que les portes de Paris furent ouvertes, l’émigration commença : émigration

  1. Au moment où l’on essayait ce coup de main, Blanqui et Albert Regnard étaient au café de la Garde nationale, situé à l’angle de la place de l’Hôtel-de-Ville ; Delescluze, Arthur Arnould, Cournet, Edmond Levraud étaient rue de Rivoli, chez Lefèvre-Roncier ; Ledru-Rollin, qu’on y attendait, ne vint pas ; Razoua, avec quelques gardes nationaux de Montmartre, se tenait sur la place même. (Voir Histoire populaire et parlementaire de la Commune, par Arthur Arnould. Bruxelles, 3 vol. 1878.)