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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

ment donné satisfaction et m’a remis des ordres écrits pour leur mise en liberté. Hier, une dame américaine est venue à la légation pour me demander de m’intéresser en faveur de deux sœurs de charité (françaises), afin de les faire sortir de prison. Cette dame était elle-même sœur de charité et fille du dernier gouverneur de la Louisiane, Roman. Les deux religieuses en prison étaient ses amies, et avaient été arrachées à leur couvent par quelques gardes nationaux, il y a trois ou quatre semaines. Elle était dans la plus grande inquiétude à leur sujet. Je lui dis que, bien que je ne puisse aucunement intervenir d’une manière officielle, je consentais, par amitié pour elle comme Américaine, à appeler l’attention des autorités sur le cas de ses amies. J’ai, en effet, signalé cet incident à mon employé de la Préfecture et il m’a sans hésiter donné aussi un ordre de liberté pour elles. Je l’ai porté moi-même au dépôt des prisonniers, et après avoir attendu environ une heure pour l’accomplissement de certaines formalités, j’ai eu le plaisir de voir les deux sœurs hors des murs de la prison. Du dépôt je suis allé à Mazas et je n’y ai rencontré aucune difficulté à faire opérer l’élargissement de trois prisonniers allemands, y compris le prêtre. J’ai profité de l’occasion pour visiter l’archevêque de Paris et lui apporter quelques journaux et une bouteille de vieux vin de Madère. Je l’ai trouvé à peu près dans le même état que dimanche et avec la même bonne humeur. J’ai été peiné de ne pouvoir lui annoncer aucun changement dans la situation.

E. B. Washburne.


M. WASHBURNE À M. FISH (Extrait).


No431.

Paris, 2 mai 1871.


Je regrette d’avoir à dire que la vie de l’archevêque de Paris est à mes yeux dans le plus imminent danger. Le bruit s’étant malheureusement répandu que le prince de Bismarck avait résolu d’intervenir pour sauver la vie de l’archevêque, a causé une grande agitation. Dimanche dernier une bande de gardes nationaux s’est dirigée sur la prison Mazas, avec le projet avoué de le fusiller. Par bonheur, un membre de la Commune fit son apparition à ce moment et eut le pouvoir d’empêcher ces gens d’exécuter leur dessein. Les gardiens ordinaires de la prison ont eu les plus vives alarmes ; ils ont fait changer l’archevêque de cellule et l’ont mis dans une autre partie de la prison. Ce qui a été empêché dimanche par la présence d’un membre de la Commune peut arriver chaque jour. Ayant des raisons de croire que le général Fabrice est chargé par son gouver-