Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/149

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l’employé reçoit 1 400 francs par an : c’est à peine le pain quotidien ; il peut arriver successivement à émarger 1 600, 1 800, 2 100, 2 400 francs, mais après un stage minimum de deux ans entre chaque augmentation. Ceux qui, après huit années de service, obtiennent la dernière somme, sont les heureux, les prédestinés ; en existe-t-il beaucoup ? J’en doute ; un sur deux cents peut-être, et je n’oserais l’affirmer. Une telle situation est singulièrement douloureuse, et en voyant la position qui est faite à des employés indispensables, dont le zèle ne se dément jamais, qu’accable un travail essentiellement difficile et énervant, n’est-on pas en droit de regretter certaines dépenses d’apparat qui se font tous les jours et qui sont au moins inutiles ? La direction fait ce qu’elle peut pour soulager son personnel ; mais que peut-elle en présence du budget, qu’elle est forcée de subir sans discussion ?

Quant au local où elle a parqué ses agents, il n’y a guère de reproche à lui adresser, car elle a utilisé l’emplacement insuffisant qu’on lui a concédé. N’est-il pas étrange que le bureau central soit précisément placé dans un quartier excentrique ? Loin de la Bourse, loin des rues commerçantes, loin des Tuileries, loin du ministre de l’intérieur, qui maintenant habile place Beauvau ? Il n’y a que la France pour présenter de telles et si choquantes anomalies. Notre hôtel des postes est honteux, notre hôtel des télégraphes est absurde. Il serait temps cependant de porter remède à ce fâcheux état de choses qui frappe tous les yeux et menace sérieusement le bon fonctionnement des services publics. On ouvre un nouveau boulevard[1] sur l’emplacement actuel du théâtre du Vaudeville. La situation est indiquée d’elle-

  1. C’est la rue du Dix-Décembre, — actuellement du Quatre-Septembre, — qui fut tracée en 1867 ; c’est là que l’on aurait dû installer l’administration des télégraphes.