Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/159

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agents de transmission et expérimente scientifiquement toute invention nouvelle applicable à la télégraphie. Quand j’y suis entré, tout était au repos ; les boussoles des sinus dormaient à côté des électro-aimants, et des bouteilles de Leyde, toutes brillantes de clinquant, se dressaient sur la table auprès d’une gigantesque bobine qui, mieux que le char et le pont d’airain de Salmonée, doit savoir comment on fait le tonnerre. Aux premiers temps de la télégraphie électrique, dans les postes, pendant les orages, les sonneries entraient en danse toutes seules, les appareils s’affolaient, parfois les pointes métalliques, liquéfiées par la foudre, s’égouttaient en pluie de feu ; il fallait fuir le courroux de l’Olympe. Sur les chemins de fer, les rails et les fils télégraphiques échangeaient des étincelles menaçantes. Les magiciens de la science moderne n’ont point été effrayés de ce fracas. M. Bréguet, M. Froment, M. Bertsch ont inventé des paratonnerres qui n’ont rien de commun avec les tiges métalliques qui s’élèvent sur nos monuments. Ce sont des instruments qui ont à peu près la forme d’un volume in-18. Ils sont destinés à mettre les fils en communication immédiate avec la terre, c’est-à-dire à annihiler instantanément et à volonté la puissance de l’électricité atmosphérique pendant les temps orageux. Tous les postes télégraphiques sont aujourd’hui pourvus de paratonnerres, et nul danger n’existe plus pour eux. Quand les éclairs ouvrent le ciel, lorsque les nuages s’amoncellent en grondant, lorsque l’on entend les profondes rumeurs des colères aériennes, soyez persuadés que l’extrémité des fils est rentrée en terre, que les dépêches s’arrêtent en chemin et que le télégraphe dort au bruit de la tempête.