Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/197

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gence secrète la carte des voitures qu’elles ont employées, après avoir eu le soin d’y écrire le nombre exact d’heures et de minutes qu’elles ont payées. Ces cartes, adressées à la Compagnie générale, sont mises en regard de la feuille des cochers ; si une erreur est constatée, si un préjudice a été fait à la Compagnie, l’agent secret reçoit sept francs pour prix de sa délation, et le cocher est frappé d’une amende qui peut varier de vingt à cent francs. C’est sur le travail à l’heure que les cochers volent le plus ; s’ils marchent pendant une heure un quart, ils portent une heure sur leur bulletin et empochent la différence ; c’est donc principalement aux gens qui gardent les fiacres une partie de la journée que s’adresse cette mystérieuse police. Le procédé est ingénieux, les cochers le soupçonnent, mais comment reconnaître ces surveillants discrets qui se laissent toujours ignorer et n’ont point souci d’avouer l’étrange métier qu’ils font[1] ?

Le produit des amendes est versé à la caisse de la société de secours mutuels et de prévoyance formée entre les cochers et les divers employés ; elle est alimentée en outre par des cotisations mensuelles, par des souscriptions et par une subvention de la Compagnie qui, n’épargnant rien pour se défendre contre l’âpreté des cochers, essaye de les moraliser par le bien-être et l’économie. Les grosses amendes ne sont appliquées que pour vol ; les peccadilles, les insolences, les refus

    quatre heures, on le fait parvenir sous enveloppe affranchie à l’adresse ci-dessous. Quant aux voitures prises à la course, il sera traité de gré à gré. Les remboursements se feront du 15 au 20 de chaque mois, rue X… et du 27 au 30, au domicile de la personne qui aura employé la voiture. » Suivent la signature, les numéros des voitures, le tarif et un bulletin formulé indiquant les heures et le prix du travail.

  1. En 1866, la Compagnie générale a payé 229 552  fr.  35  cent, pour frais de surveillance : sur cette somme, l’agence secrète a reçu plus de 50 000  francs. Les amendes dont les cochers ont été frappés se sont, pour la même année, élevées au chiffre de 139 210  fr.  95  cent.