les prévarications des cabaretiers, dont l’impiété ne craignait pas de donner à boire le dimanche aux rouliers qui passaient. C’est là un côté de la question que l’on n’avait pas encore étudié.
Quand on regarde une carte de France, on semble voir une forte toile d’araignée dont le nœud est situé à gauche et en haut ; c’est là, en effet, la forme de notre réseau, dont toutes les lignes convergent sur Paris ; la solution de continuité est encore apparente sur Clermont-Ferrand, Aurillac et Mende, sur Gap et Digne, sur Bressuire et Napoléon-Vendée, vers Avranches et Mayenne ; mais partout ailleurs les mailles du grand filet métallique se serrent, s’entre-croisent, portant avec elles la fécondation et la vie.
Les lignes exploitées ont coûté plus de 8 milliards à construire : on est loin des 400 et des 800 millions dont on parlait en 1838 ; pour être complètes, elles doivent se développer sur un rayonnement de 21 040 kilomètres, dont 15 750 étaient livrés à la circulation au 1er janvier 1868. Les compagnies chargées de les exploiter ont à leur service une véritable armée d’employés spéciaux qu’on peut évaluer à plus de 60 000 hommes ; leur force motrice est représentée par 4 064 locomotives, et leurs moyens de transport par 90 490 voitures ou fourgons. Pendant l’année 1866[1], le transport effectué par les chemins de fer français a été : voyageurs, 92 millions 124 914[2] ; espèces d’or et d’argent (valeur déclarée), 4 milliards 16 millions 442 694 fr. 56 ; voitures, 19 779 ; bagages, 177 millions 662 872 kilogrammes ;
- ↑ Pour serrer la vérité de plus prés et m’appuyer sur des documents aussi concluants que possible, j’ai pris comme base de mes appréciations les comptes de l’année 1866 ; il m’eût été facile de me servir de ceux de 1867 ; mais, cette année-là, l’Exposition universelle a produit sur les chemins de fer une activité anormale qui pourrait conduire à des conclusions exagérées.
- ↑ La population de la France est de 36 877 000 habitants.