Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/349

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faubourg Saint-Antoine et la Petite-Villette, donnent chacun 25. Aussitôt après on tombe assez bas et l’on arrive enfin au IIe arrondissement, quartier riche et remuant groupé autour de la Bourse, qui n’a exposé que 2 cadavres à la funèbre logette de la Cité. D’habitude, c’est le XVIe arrondissement qui, peuplé des petits rentiers paisibles, prudents et rangés de Passy, fournit les chiffres les moins élevés à cette triste nomenclature ; mais en 1867 il ne se présente qu’en avant-dernière ligne, car il est inscrit pour 5 morts sur les registres de la Morgue.

Ce chiffre de 744 morts apportés à la Morgue pendant l’année 1867 parait d’autant plus considérable que le total de 1848, malgré la révolution de Février, malgré l’insurrection de juin, n’a été que de 631 ; mais, sans aucun doute, il serait bien plus excessif encore si la préfecture de police[1], par ses encouragements, ses notes publiques et officielles, ses récompenses, ses médailles, n’excitait sans cesse une précieuse émulation parmi les hommes que leur métier attache plus particulièrement aux bords de la Seine et des canaux. Pour tout cadavre repêché elle donne une prime de 15 fr., et une prime de 25 fr. pour tout individu sauvé. Ainsi les 312 noyés qui en 1867 ont été transportés à la Morgue, ont coûté 4 680 fr. à la préfecture ; dans le cours de la même année, 145 sauvetages accomplis dans la Seine n’ont grevé le budget que de la somme insignifiante de 2 925 fr., car 28 sauveteurs ont délicatement refusé la prime à laquelle ils avaient droit et qui leur était offerte. Les mêmes mois qui voient le plus de morts par submersion, voient naturellement le plus grand nombre de sauvetages ; les mois de fortes chaleurs, juin, juillet, août,

  1. Les précautions prises par la préfecture de police pour assurer la sécurité de la rivière sont de plus en plus minutieuses : ainsi l’ordonnance du 13 mai 1867 interdit absolument les pleine-eau, que le nombre de bateaux à vapeur mis en circulation maintenant sur la Seine pourrait rendre dangereuses.