Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/183

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pris qu’il avait charge d’âmes et que son devoir était, en assurant à ces mêmes produits une sincérité irréprochable et une innocuité presque complète, de sauvegarder la santé des populations. L’État, fabricant, disposant de ressources supérieures à celles de tout autre industriel, ne doit laisser sortir de ses ateliers que des objets se rapprochant de la perfection. Pour arriver à ce résultat, il ne suffisait pas de remanier l’institution elle-même, il fallait changer le personnel chargé de la faire mouvoir ; c’est ce que l’on fit, et les agents supérieurs des manufactures de tabacs sont sans exception choisis actuellement parmi les élèves les plus distingués de l’École polytechnique.

Cette innovation date de 1831 ; mais depuis une vingtaine d’années seulement elle a pris un développement sérieux, et grâce à elle la science s’est emparée d’une industrie à laquelle elle a fait faire d’inconcevables progrès. Tout vieux fumeur conviendra qu’il n’y a plus heureusement aucun rapport entre les tabacs durs, acres et violents qu’on nous fournissait jadis et ceux que nous fumons aujourd’hui. La prise de possession des manufactures par les anciens élèves de l’École polytechnique et surtout l’installation de la direction générale ont eu immédiatement un triple résultat qu’il est bon de signaler : amélioration des produits, accroissement de la fabrication, remplacement de la main-d’œuvre par des procédés mécaniques perfectionnés. On sait maintenant le pourquoi de toutes choses, on peut facilement prévoir les accidents, y porter remède d’avance et les empêcher de se manifester. Dés qu’un problème se présente, il est étudié scientifiquement, expérimenté et résolu.

On est arrivé à déterminer exactement les mystères de la fermentation, à préciser les dosages, à combiner les mélanges, à débarrasser la plante des principes