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Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/203

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poudres à priser qui, au dire des connaisseurs, ne valent pas un tabac sincère. Quelques personnes ont le goût assez dégénéré pour mettre dans leur tabatière cette graine de coumarou qu’on appelle la fève de Tonka. Je dois les prévenir qu’à la manufacture du quai d’Orsay on parle d’elles avec une commisération qui ressemble bien à du mépris.

Selon les espèces, les tabacs ont des destinations particulières et déterminées d’avance. Si le virginie et le kentucky entrent pour une portion notable dans le râpé, il n’en est pas de même des feuilles venues de Hongrie, d’Algérie, de Maryland, qui presque toutes sont réservées à la fabrication du scaferlati. Le tabac haché, le tabac de caporal, qui paraît aux vrais fumeurs supérieur à tous les tabacs du monde, est moins long à préparer que la poudre, mais il exige néanmoins, avant de parvenir à l’état parfait, bien des opérations qui ne manquent point d’importance. Après que toutes les manoques ont été secouées, elles sont écabochées, c’est-à-dire qu’à l’aide d’un large tranchoir manœuvrant sur une charnière, on en coupe le sommet au-dessous du lien qui les rattache. Ces caboches sont plus tard utilisées pour la poudre à priser.

Les feuilles subissent une mouillade de vingt-quatre heures, et, suffisamment amollies, sont envoyées à la salle des hachoirs. Ceux qui taillent le scaferlati n’ont rien de commun avec ceux qui coupent en gros les matières destinées à faire les masses du râpé. Cet instrument très-actif et très-précis est sinistre à voir, car en le regardant fonctionner il est impossible de ne point penser à la guillotine. C’en est une en effet, de petite proportion, et dont le coutelas se lève et s’abaisse 110 fois dans la même minute. La lame, inclinée à 45 degrés environ, est maintenue à l’aide de forts écrous sur un châssis qui glisse dans les rainures d’un cadre formant