Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/206

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alimenté par le foyer. Le tabac pénètre automatiquement dans le second cylindre, dont l’intérieur est muni de lames hélicoïdales armées de griffes de fer qui ressemblent aux dents d’une fourche ; celles-ci divisent le tabac qui, humide encore, à une tendance à se pelotonner, pendant que les lames le forcent à suivre le mouvement de rotation auquel l’instrument obéit. Le scaferlati, chauffé à 95 degrés par les nappes d’air presque brûlant qui le caressent sur toutes les surfaces, perd en un quart d’heure l’humidité dont il était imbibé, pendant que les ferments d’albumine qui risquaient d’en compromettre la conservation sont anéantis ; mais cela n’est rien encore.

Cette machine se dirige toute seule : il suffit qu’on lui jette de temps en temps quelques pelletées de combustible pour la nourrir ; elle ne demande rien de plus. Grâce à un petit appareil établi dans un coin de la muraille du fourneau, elle semble douée d’une intelligence, j’allais dire d’une âme particulière ; elle sait se régler et se maintenir rigoureusement à la température fixée d’avance. À la voir se réchauffer ou se refroidir, selon qu’il en est besoin, l’on croirait qu’elle obéit à un mot d’ordre. Un mécanisme dont la découverte est un trait de génie, figurant à peu près une balance et basé sur la loi de la dilatation de l’air par la chaleur, oblitère et dégage la seule prise d’air qui alimente le foyer. Si la température descend à 92 degrés, et par conséquent devient trop faible, le plateau de la balance se soulève et permet à l’oxygène d’entrer en plus grande quantité ; si au contraire la température monte à 97 degrés, le même plateau s’abaisse, intercepte le courant d’air, et par ce fait diminue l’intensité du feu sans cependant lui permettre de s’éteindre. C’est merveilleux.

Lorsque le tabac a subi le degré de chaleur voulu