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Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/220

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trois shillings. On peut imaginer, d’après cela, quelles herbes cueillies au hasard, détrempées dans une décoction de nicotine, on livre au public sous le nom de tabac.

Chez nous du moins il n’y a jamais rien de semblable à redouter, et les produits, quels qu’en soient les éléments et l’origine, sont toujours purs et d’une sincérité irréprochable. Aussi la réputation des manufactures françaises est établie ; malheureusement nos marques sont imitées partout. Il y a telle ville d’outre-Rhin qui a des fabriques de scaferlati et de râpé français. Cette imitation, souvent grossière et à peine déguisée, tend à s’accroître ; les expositions universelles, en constatant la supériorité de notre fabrication, ont donné à la contrefaçon une impulsion que les marchands étrangers ne songent guère à modérer, car elle leur procure d’énormes bénéfices. Ne pourrait-on porter remède à cet abus déplorable et même un peu compromettant pour nous, en établissant dans les grands centres de consommation extérieurs, Berlin, Vienne, Saint-Pétersbourg, Baden-Baden, Hombourg, Florence, des dépôts réguliers, constatés, où l’on serait certain de trouver nos tabacs, que l’on remplace, au grand détriment des consommateurs et de notre réputation, par des produits sans valeur et sans bonne foi ?

Cette probité imperturbable, cette envie de bien faire qui dans les choses matérielles distingue la direction générale, se retrouvent aussi dans la partie morale de son œuvre. Loin de considérer les ouvriers comme des machines intelligentes qu’on paye en raison du travail accompli et envers qui l’on se trouve quitte, les employés supérieurs ont fait les plus louables efforts pour amener le nombreux personnel dont ils sont responsables aux idées d’association, aux sociétés de secours mutuels, aux caisses de retraite. Dans cette voie où la