Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/245

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action déterminante est-il le graveur général, puisque c’est lui qui fournit les coins, sans lesquels nulle monnaie ne pourrait être frappée. Depuis que Henri II a créé la charge de « tailleur général des monnaies de France » pour Marc Béchot, dix-huit graveurs se sont succédé dans ces importantes fonctions. C’est le graveur général qui fait les poinçons à l’aide desquels on obtient les coins. Plus le poinçon est parfait, moins la contrefaçon est possible. Cette œuvre exige donc un soin particulier, des connaissances techniques approfondies et une main rompue aux ressources d’un art hérissé de difficultés.

L’acier dont on se sert pour les poinçons et pour les coins est un acier spécial, à la fois très-doux et très-dense ; il est fourni par la maison Petin-Gaudet, et parait être supérieur à celui qu’on employait jadis. Il arrive à l’hôtel du quai Conti en barres parfaitement rondes et qu’on appelle acier de monnaie. Le poinçon est gravé en relief, comme un camée, et au burin ; il en faut naturellement deux, l’un pour la face, l’autre pour le revers ; le premier donne le profil du souverain, le second l’écusson, le millésime et l’énoncé de la valeur de la monnaie ; tous deux portent en outre les lettres des légendes, ainsi que les grenetis et les listels qui forment l’encadrement de la pièce. Faire une empreinte irréprochable, c’est là un problème qu’il n’est pas aisé de résoudre. Si, pour être reconnue au premier coup d’œil, l’empreinte doit être très-simple, très-lisible, elle doit cependant être assez compliquée pour offrir aux tentatives de contrefaçon des difficultés nombreuses. Cette double et indispensable condition d’une monnaie qui se fait reconnaître et se défend d’elle-même semble avoir été obtenue aujourd’hui.

Après la campagne d’Italie de 1859, où l’empereur a commandé en personne, les poinçons ont dû être changés, et on en a fait alors qui donnent l’effigie de la tête