Le découpoir est mû aussi par la vapeur ; on n’a jamais vu un instrument plus pressé ; il se dépêche, il précipite ses coups, il fait plus de bruit à lui seul que tous les laminoirs réunis, il secoue l’établi sur lequel il manœuvre, et est franchement insupportable ; mais il peut tailler facilement 100 000 flans dans une journée. L’ouvrier dirige la bande, qui, étant amorcée, passe sous l’emporte-pièce ; lorsqu’elle y a été entièrement soumise, elle ressemble à une petite planche à bouteilles où il y aurait plus de trous que de bois, et s’appelle de la cisaille ; telle qu’elle est, elle ne peut plus être d’aucune utilité et est destinée à être refondue. Tous les flans réunis sont triés avec soin, on rejette ceux qui ont été irrégulièrement taillés par le découpoir ; ceux au contraire dont la forme paraît normale sont comptés et remis aux ouvriers peseurs. Ces derniers, assis devant une table à pieds solides, font passer les flans, un à un, sur de petites balances singulièrement sensibles qu’on appelle trébuchets. Les flans trop lourds sont réduits au poids qui leur est imposé, à l’aide d’une forte lime qu’on nomme écouane. Lorsqu’ils ont été pesés, toutes les opérations préliminaires ne sont pas encore terminées, car les scories de la fonte, les huiles des laminoirs et du dragon les ont si bien graissés et noircis, qu’à moins d’avoir un œil très-exercé, il est impossible de reconnaître s’ils sont en or ou en argent.
Il s’agit alors de les décaper, c’est-à-dire de les débarrasser de toute matière étrangère et de les blanchir. Après avoir été chauffés au rouge en vase clos, ils sont déposés dans une sorte de boîte ronde, semblable à un brûloir à café, sauf qu’elle est percée de trous nombreux. Ajustée sur les bords d’une auge pleine d’eau chaude mélangée d’acide nitrique ou sulfurique, suivant que l’on traite de l’or ou de l’argent, et dans laquelle elle plonge complètement, elle est mue circulairement