après on lui apporte une cocarde aux trois couleurs de la part des gardes du corps, toutes les femmes s’écrient : Vive le roi ! vivent les gardes ! »
C’était le moment où la farine était si rare à Paris, que les personnes invitées à diner étaient priées d’apporter leur pain. On connaît ces lugubres journées. Les femmes ramenèrent dans Paris « le boulanger, la boulangère, le petit mitron ! » Elles s’imaginaient que le roi de France, cette antique idole si souvent invoquée en vain pendant les longs siècles de la monarchie, apportait avec lui, comme un génie tout-puissant, ce pain tant désiré, tant attendu, et la fin de la misère. Les premiers instants purent le faire croire, grâce à l’activité extraordinaire du comité des subsistances, l’approvisionnement de Paris fut fait, pendant quelque temps, avec une certaine régularité. À cette heure précise, après les deux grandes dates, après le 14 juillet et le 4 août, on vivait encore dans le rêve ; la réalité n’était pas loin cependant ; elle allait apparaître traînant à sa suite des années calamiteuses où la famine sera telle, que la législation la plus prévoyante comme la plus terrible sera impuissante à la modérer. Sous le rapport de la disette, les mauvais jours de la république n’ont rien à reprocher aux mauvais jours de la monarchie.