Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/40

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4 août, le sacrifice de ses privilèges ; mais c’était là en quelque sorte une décision provisoire qui avait besoin d’être régularisée et rendue définitive par une série de décrets successifs. Celui qui devait mettre fin aux maîtrises, aux jurandes, aux corporations, à toutes ces antiques constitutions défensives qui s’étaient formées pendant le moyen âge, fut voté dans la séance du 16 février 1791. Tous les producteurs, tous les marchands de denrées alimentaires, enfin débarassés des mailles du réseau que leurs ancêtres avaient tissé jadis avec tant de précautions jalouses, allaient pouvoir, en servant leur propre intérêt, satisfaire celui des populations ; mais les mœurs sont plus fortes que les lois, les traditions du passé pesaient encore lourdement sur la France, et les habitudes acquises contrarièrent, neutralisèrent ce que les prescriptions du décret avaient de juste, de raisonnable et de libéral. La suite le prouva avec une douloureuse évidence.

Le 16 septembre 1792, dans une des séances que le Moniteur intitule « suite de la séance permanente du 10 août », l’Assemblée législative vote d’urgence un décret qui punit de la peine de mort tout individu qui aurait tenté d’entraver la libre circulation des grains. La misère du reste était telle, et le besoin de pain si pressant, que l’Assemblée, renouvelant à son insu une ordonnance de saint Louis, promulgua, le 14 mars, un décret qui exemptait les boulangers et leurs aides du service militaire ; on avait même proposé la formation d’un corps de « volontaires du comité des subsistances ». L’Assemblée voulait assurer par tous moyens l’exécution des décrets des 29 août, 18 septembre, 5 octobre 1789, 2 juin, 15 septembre 1790, 26 septembre 1791, qui, reprenant les idées émises autrefois par Turgot, affranchissaient le blé comme toute autre marchandise et cherchaient à lui assurer le droit de circulation que les