Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/51

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ou que nous fussions engagés dans une guerre à la fois continentale et maritime ; il faudrait, en un mot, tant de mauvaises conjonctures réunies, qu’on peut être certain de les éviter.

Se fiant à l’initiative individuelle conseillée par l’intérêt, aux multiples moyens de transport dont le commerce dispose aujourd’hui, aux rapports permanents qui existent entre les besoins de consommation et les ressources de la production, le gouvernement ne cherche plus à créer par lui-même une abondance qui presque toujours avait été illusoire et onéreuse. Il s’en rapporte à l’intelligence des négociants, et fait bien. Tous les ans les préfets adressent directement au ministère de l’agriculture cinq mémoires sur l’état de la culture des céréales dans leur département : le premier au moment où le blé sort de terre, le second pendant la floraison, le troisième au temps de la moisson, le quatrième après la récolte, le cinquième après le battage. Ces rapports répondent à une mesure d’ordre excellente, mais les renseignements qu’ils renferment sont connus des négociants intéressés bien avant que le ministre les reçoive. Il y va pour eux de leur fortune à faire ou à maintenir, et ils s’arrangent de façon à se procurer en temps utile tous les avis spéciaux dont ils ont besoin pour assurer la réussite de leurs entreprises. Toutefois, dans les plus mauvaises années, le gouvernement se met en devoir de venir au secours des populations laborieuses. Au lieu d’acheter des blés, ainsi qu’on le faisait jadis, ou de fixer un maximum arbitraire, il augmente la somme consacrée aux travaux publics, appelle sur les chantiers le plus d’ouvriers possible, et, en échange d’un labeur utile convenablement rétribué, leur offre les moyens d’éviter le froid, la misère et la faim.