Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/80

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plus tard sera sans doute gazonnée[1], se dresse, dans toute la laideur de sa simplicité, cette fontaine qu’on voyait jadis près de la caserne du Prince-Eugène, et qui ressemble à ces maigres surtouts où les ménagères de province excellent à étager les petits pots de crème. Deux grands bâtiments en pierre de taille viennent ensuite et sont affectés aux bureaux et au logement des agents de la régie, de la préfecture de la Seine et de la préfecture de police. Deux abreuvoirs à pente douce précèdent les halles immenses destinées à abriter le bétail pendant la vente.

Ces halles parallèles, au nombre de trois, sont divisées par de larges rues qui permettent aux voitures apportant les menus bestiaux d’aborder contre le quai même du marché. C’est une vaste construction composée d’un toit vitré supporté par des colonnettes en fonte. Si c’est glacial en hiver, c’est brûlant pendant l’été ; mais les animaux n’y font pas un très-long séjour et du moins ils ne sont pas exposés à toutes les intempéries de l’air. La halle du milieu, consacrée aux bœufs, aux taureaux et aux vaches, a 216 mètres de longueur sur une largeur de 87m,20. La halle de droite, réservée aux porcs, a 100 mètres de moins en longueur et une largeur égale ; elle est en tout semblable à la halle de gauche, où l’on empile les moutons et les veaux dans des parquets trop étroits. Pendant les jours de grande chaleur, les moutons couverts de laine, forcément pressés les uns contre les autres, seront haletants, promptement épuisés, et l’on en verra plus d’un mourir d’apoplexie foudroyante. Le terrain ne manquait pas, et, quitte à ne pas rester dans une parfaite symétrie de construction, on aurait pu donner aux parcs une ampleur que comportait l’abondance parfois extraordinaire des moutons.

  1. Elle ne l’était pas encore au mois de décembre 1873.