dre son signalement, il dit en hochant la tête : « Des tatouages, moi ? pas si bête ! » Quelques vieux voleurs, de ceux qu’on appelle des chevaux de retour, ayant été reconnus plusieurs fois à certains tatouages, arrivent sans trop de peine à les décomposer : d’un vase de fleurs ils font un bouquet de feu d’artifice ; d’une femme nue, un artilleur ou un grenadier ; mais il est rare que ces ruses parviennent à tromper l’œil de la police, qui est accoutumé à ne pas se laisser abuser par les apparences.
Toutes ces investigations, que l’on consigne sur des bulletins nominatifs de façon à toujours pouvoir les consulter en temps opportun, ne donnent isolément qu’un nombre de renseignements assez restreint ; éparses, elles ne sont pas d’une nécessité absolue : mais lorsqu’on les groupe, qu’on les consulte toutes, qu’on les complète l’une par l’autre, il est rare qu’on n’en fasse pas jaillir la vérité. C’est là, en somme, tout le mystère de la police. Bien connaître son instrument et savoir en jouer ; pour cela que faut-il ? Une tradition qui s’acquiert par l’habitude et une persistance que rien ne doit lasser. Le service administratif où l’on enregistre les sommiers judiciaires, les locataires des garnis, le nom des commissionnaires et celui des cochers peut sembler, à des gens superficiels, établi en vertu de cette manie paperassière qui est le type même de l’administration française. Une telle opinion serait absolument erronée. Sans les documents fournis par le service sédentaire les recherches du service actif seraient le plus souvent infructueuses. Un exemple fera saisir à la fois le mécanisme et l’utilité de cette organisation.
M. Poirier-Desfontaines, marchand de bronzes, demeurant rue Saint-Honoré, no 422, vieillard assez taciturne, vivait très-sédentaire avec un seul domestique. Le 5 janvier 1851, les voisins apprennent qu’il est parti pour la campagne ; le lendemain, son domestique va le