Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/132

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qu’après vingt années de bagne, évadé, il s’est tenu avec fermeté hors de la mauvaise voie et que c’est la misère seule qui l’a remis entre les mains de la police, alors que celle-ci le croyait mort depuis longtemps ? C’est ce que la loi exigeait ; mais il est telle occurrence où les devoirs de l’humanité parlent plus haut qu’elle. Quant à le mettre en liberté, c’était impossible. On prit un moyen terme ; l’homme fut maintenu au dépôt ; on n’y était pas bien sévère pour lui, car il pouvait chaque jour y voir sa femme et son enfant. On libella au plus vite une demande en grâce qu’on lui fit signer, qu’on adressa au garde des sceaux avec pièces à l’appui. La remise entière de la peine à courir fut accordée sans délai, et le vieux forçat converti au bien est aujourd’hui en liberté et à l’abri du besoin, grâce à des âmes charitables qui en ont eu pitié. C’est là une des mille espèces que la préfecture doit résoudre et dans lesquelles l’intelligence, l’élévation des sentiments d’un simple chef de bureau font plus que toutes les prescriptions de nos codes.

La loi du 3 décembre 1849, à laquelle j’ai déjà fait allusion, autorise l’expulsion par voie d’arrêté ministériel de tout individu étranger dont la présence sur notre territoire est une cause de trouble. Cette loi a été votée sous l’empire de préoccupations politiques dont on se souvient encore, mais elle a été interprétée dans un sens beaucoup plus large et elle sert à nous débarrasser d’une nuée de pick-pockets, de filous, d’escrocs, de grecs qui viennent chez nous quand leurs méfaits les ont si bien signalés dans leur pays, qu’ils n’y peuvent plus séjourner sans s’exposer à tomber de tribunal en prison. Quand un étranger a subi devant l’une de nos cours d’assises ou l’une de nos chambres correctionnelles une condamnation pour crime ou délit, lorsque sa conduite est notoirement mauvaise et exige l’intervention de la police, il est administrativement mis en wagon et simplement