Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/139

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qu’il a employés. Les registres des greffes de tous les tribunaux, les livres d’écrou de toutes les prisons furent dépouillés ; chaque nom y fut individuellement relevé avec l’âge, le signalement, la date des différentes condamnations des détenus depuis cinquante ans. Le résultat de ce travail énorme représente la collection, le classement, la refonte de plus de cinq millions de bulletins actuellement contenus dans près de huit mille boîtes. Il a fallu deux années d’un labeur excessif pour réunir ces archives signalétiques du crime, que l’on a besoin d’interroger tous les jours, et qui maintenant peuvent répondre à coup sûr. Les recherches y sont parfois très-pénibles ; on en jugera par ce fait que l’on compte plus de 28 000 fiches au seul nom de Martin. Les vérifications quotidiennes s’élèvent au chiffre de 1 200 ; un employé très-exercé peut en faire 20 ou 25 à l’heure.

Les services actifs de la préfecture de police (inspecteurs, gardiens de la paix) ont été augmentés dans une notable proportion, que j’ai indiquée. Le mouvement des garnis en 1873 a été de 878 485 entrées, et de 802 747 sorties pour 335 497 Français provinciaux et 120 298 étrangers qui se sont répartis dans 9 367 maisons tenues par des logeurs. Au 31 décembre 1873 le nombre des commissionnaires médaillés exerçant leur métier sur la voie publique était de 1 845.

Une amélioration que nous avions réclamée en 1869 a été adoptée par l’administration : aujourd’hui tous les postes de police, au nombre de quatre-vingts, répandus dans les différents quartiers de Paris, sont directement reliés à la préfecture de police par un fil télégraphique ; l’instantanéité des communications est établie et peut rendre d’incalculables services dans tous les cas de sinistres subits, si fréquents dans une grande ville. La télégraphie électrique vient donc actuellement en aide à notre sécurité urbaine. La photographie a aussi été appelée à rendre les services que l’on peut en exiger ; elle prend des signalements irrécusables, plus certains que les descriptions les plus minutieuses. On a installé au Dépôt un atelier photographique où l’on fait le portrait des détenus importants, de ceux qui cachent leur nom, des récidivistes, de tous ceux, en un mot, dont il est bon de conserver l’image, ou dont on a intérêt à constater l’identité. Des épreuves annexées aux différents dossiers transmis à la justice ou gardés à la préfecture seront plus tard et sont dès à présent un moyen d’investigation aussi puissant qu’infaillible.