Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/170

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ples la question de l’instruction obligatoire. Il est une autre considération dont il faut tenir grand compte, si l’on veut apprécier impartialement les divers mobiles qui pervertissent tant de pauvres gens : le nombre des attentats contre la propriété augmente ou diminue, selon que le prix du pain est plus ou moins élevé. Le rapport est constant et presque en proportion mathématique. En 1845, l’hectolitre de froment vaut 19 francs 76 centimes ; sur 10 000 habitants, le nombre des condamnés est de 10,818 ; en 1847, il vaut 29 francs 01 centime, on compte 17 condamnés 567 ; de 1856 à 1859, le prix du froment descend de 30 francs 75 centimes à 16 francs 74, le nombre des condamnés tombe de 18,222 à 14,655. En 1861, l’hectolitre monte à 24 francs 55 centimes, le chiffre des condamnés s’élève immédiatement à 16,518. Ainsi les deux causes prépondérantes du crime sont l’ignorance et la misère ; ne serait-ce donc que dans l’intérêt de sa propre sécurité, toute nation doit rechercher avec ardeur les moyens de combattre efficacement ces deux vices sociaux qui détournent les hommes de la voie légitime et sont les grands pourvoyeurs de la prison[1].

À mesure que l’information avance, les faits principaux deviennent de plus en plus nets, et l’accusation se serre autour du coupable de façon à ne plus lui laisser une issue par où il pourrait échapper. On lui présente les pièces à conviction, on lui montre le couteau encore maculé de tâches noirâtres, la casquette oubliée, la fausse clef qui a ouvert les portes, la pince qui les a

  1. Dans ses Mémoires tirés des archives de la police (tome IV, p. 117), Peuchet fait une observation analogue, lorsqu’il dit : « La prostitution et le vol augmentent dans les époques de disette et les hivers rigoureux. » Ce fait n’infirme en rien ce que j’ai dit plus haut, dans le chapitre xii, où je n’ai voulu parler que des malfaiteurs de profession et non pas des gens qu’une circonstance impérieuse et pénible a entraînés hors de la voie régulière.