Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hamac composé d’une sangle, d’un matelas, d’un drap, d’une couverture en été, de deux couvertures en hiver ; pendant le jour, la literie, roulée, est placée sur une planche triangulaire disposée à cet effet. Une autre planche formant étagère supporte les objets usuels, la gamelle, le gobelet, la cuiller de bois, une sorte de tasse qu’on nomme un geigneux et qui sert de crachoir. Un bidon en fer-blanc, pouvant contenir huit litres d’eau, est mis, chaque matin, à la disposition du prévenu ; dans un angle s’élève un siège en bois solide ; il est destiné à des usages que l’on peut deviner.

Les murailles sont peintes de ce jaune clair qu’on pourrait appeler le jaune administratif, car il n’est point d’établissement public, de ministère, de préfecture, qui en soit exempt. Elles ne sont point absolument nues ; malgré les règlements sévères qui défendent aux prisonniers de les dégrader, il n’est guère d’individu qui résiste au désir d’écrire son nom, une date, un mot qui pour lui est un souvenir ou une espérance ; de plus, on y attache parfois un crucifix, un brin de buis bénit, un petit bouquet d’immortelles ; l’administration y colle ses affiches, avertissements détaillés, que le détenu a toujours sous les yeux : catalogue du mobilier, règles à observer dans la cellule ; puis, comme elle ne veut pas que les cantiniers abusent du monopole qui leur est accordé, elle y joint une longue pancarte relatant « le prix des articles vendus dans les cantines des prisons de la Seine[1] ».

L’aumônier d’une maison de détention, mû par un sentiment auquel on ne peut donner que des éloges, a fait mettre côte à côte avec les paperasses officielles un almanach spécialement écrit pour les condamnés, l’Almanach de la cellule. L’intention est excellente. Sur les

  1. Voir Pièces justificatives, 4.