Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/234

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nisme, la maison servait de refuge aux filles de mauvaise vie ; elle reçut aussi des enfants en correction et relevait de l’Hôpital général. Affectée en partie aux détenus pour dettes, du 17 mars 1797 au 4 janvier 1834[1], elle forme un large quadrilatère bordé par les rues du Battoir, du Puits-de-l’Hermite, de Lacépède et de la Clef ; c’est dans cette dernière que s’ouvre l’entrée principale.

Là, plus de cellules, plus de préaux isolés : des ateliers, des cours, des dortoirs, où les détenus sont mêlés les uns aux autres. Un corps de logis, spécialement réservé aux condamnés politiques, permet à ceux-ci de n’avoir aucune communication avec les criminels. Chaque année on rebadigeonne les murailles, on répare les escaliers, on enduit les piliers avec du bitume, on améliore les aménagements ; mais on a beau faire, cette vieille masure plie sous le faix du temps ; elle sue je ne sais quelle vétusté sale et repoussante qui la rend horrible. Les détenus n’ont pas de réfectoires, ils mangent dans la cour ; c’est dans la cour aussi qu’ils font leur toilette à une fontaine banale ; quand il pleut, ils se tiennent dans une vaste salle située au rez-de-chaussée, composée de sept ou huit chambres dont on a jeté les refends par terre tout en conservant des portions de gros murs, salle basse dont les pavés se soulèvent, qui offre partout des angles obscurs que pénètre bien difficilement l’œil des gardiens.

C’est là, dans ces lieux de réunion redoutables, dans ces chauffoirs, qu’on chuchote le langage des villes détruites par le feu du ciel, qu’on se vante de ses hauts faits, qu’on en médite de nouveaux, qu’on prépare longtemps à l’avance les bons coups que l’on pourra faire

  1. Sainte-Pélagie était alors divisée en deux parties distinctes : la Dette, qui s’ouvrait rue de la Clef ; la Détention, qui s’ouvrait rue du Puits-de-l’Hermite.