l’on trouve que pour de si petits oiseaux la cage est bien épaisse.
On en a soin ; leurs parents, quand ils en ont, viennent les visiter au parloir ; on leur donne quelques leçons de lecture et d’écriture : on les mène à la messe dans une chapelle en amphithéâtre, où chaque enfant est enfermé dans une sorte de guérite qui lui permet de découvrir l’autel et l’empêche de voir son voisin. Ils ont des préaux cellulaires où ils se promènent avec une mélancolie navrante et où ils doivent faire leur toilette. Là ils ont des cerceaux et peuvent jouer dans les quelques mètres carrés qui leur sont accordés ; mais l’espace est bien restreint, le cercle roulant a promptement touché les murs, et les enfants, fatigués de cette distraction illusoire, rêvassent au lieu de s’amuser. J’en ai avisé un, un beau bambin carré des épaules et bien solide sur ses petites jambes : « Quel âge as-tu ? — Onze ans. — Qui t’a fait mettre ici ? — Ma tante et maman. — Pourquoi ? — Parce que deux nuits de suite j’ai été coucher dehors, prés des murs du Père-Lachaise. — Et pourquoi as-tu découché ? — Parce qu’il fait trop chaud à la maison. »
Des numéros de différente couleur, marqués sur la plaque indicative, distinguent les diverses catégories auxquelles les détenus appartiennent : le noir est réservé au prévenu, le rouge aux enfants de la correction paternelle ; le noir et un chiffre individuel sont attribués aux condamnés. Lorsque j’ai visité la maison, au mois de juin 1869, elle était fort silencieuse et comme abandonnée ; elle ne renfermait que 151 prisonniers : 82 détenus à la requête de leur famille, 31 prévenus attendant le jugement, 19 condamnés à moins de 12 mois, 19 condamnés à plus d’un an. Pendant l’année 1868, le mouvement général a été de 1 171 entrées et de 1 207 sorties ; au 31 décembre, il restait 149 enfants