Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi étaient si précieux, qu’ils auraient dû amener un changement radical dans le système pénitentiaire, car l’enfant, sa peine terminée, trouvait, sans transition, de l’ouvrage et le pain quotidien dans l’atelier où il avait travaillé. Aujourd’hui, tout est remis en question ; la difficulté de l’embauchage pour le prisonnier libéré s’accentue de nouveau ; on a agi sans réflexion ; on a senti au lieu de raisonner, et les jeunes détenus parisiens vont aller maintenant achever de se perdre dans ces colonies pénitentiaires qui pour beaucoup seront la première étape de la terrible route dont la dernière station est le bagne, et parfois l’échafaud.

Aux termes de la loi, tout individu condamné à plus d’une année d’emprisonnement, ne serait-ce qu’à un an et un jour, doit être transporté dans une des vingt-six maisons centrales établies dans les départements ; on ne garde donc dans les prisons de Paris, sauf exceptions motivées, que les détenus frappés d’une peine n’équivalant pas à plus de douze mois. Aussi tous les condamnés qui doivent être dirigés sur les maisons de réclusion ou sur le bagne sont provisoirement enfermés à la Grande-Roquette, qui s’appelle administrativement le Dépôt des condamnés. Cette prison est célèbre parmi les malfaiteurs, car elle sert d’antichambre à la guillotine. Elle est établie d’après le système auburnien ; les prisonniers, réunis pendant le jour dans de grands ateliers, travaillent à des œuvres de ferronnerie, à des préparations de cuir et à d’autres métiers faciles à apprendre. En 1868, le mouvement des entrées a été de 2 020, et celui des sorties de 2 324 ; 357 détenus restaient sous clef au 31 décembre, et les journées de travail ont été au nombre de 177 915. C’est une prison qui n’a rien de particulier ; les cours en sont larges et très-aérées, et la discipline y parait plus sévère que dans les autres maisons de détention du département de la Seine.