Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/287

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pas sur l’échafaud et ne soit point aperçue du public. Tout l’instrument et les ustensiles accessoires sont peints d’une désagréable couleur sang de bœuf tirant sur le chocolat.

La bascule est garnie d’une double courroie armée de boucles, afin de neutraliser la résistance possible d’un patient ; mais on ne s’en sert jamais, à Paris du moins. La demi-lune supérieure s’abat brusquement à l’aide d’un mécanisme fort simple mis en œuvre par un bouton que l’on n’a qu’à presser ; le glaive est fixé au chapeau dans une pince en forme de 8, dont la partie inférieure s’ouvre quand la partie supérieure se ferme ; un cordon d’appel correspondant à un bec-de-cane placé au-dessus et tout près du bouton de la demi-lune fait jouer un bras qui, rapprochant les deux branches supérieures de la pince, force les branches inférieures à s’écarter ; la tête du mouton glisse dans l’intervalle ouvert, et le glaive, précipité par la masse qui le surmonte, tombe avec une rapidité foudroyante, qu’accélère encore l’action de galets de fer poli roulant dans des rainures de cuivre fixées le long des poteaux et faisant corps avec eux. Dans sa chute, il rase précisément la surface externe de la lunette et vient prendre appui, par les bords plus étendus du mouton, sur deux ressorts à boudin surmontés d’un fort dé en caoutchouc qui amortit le choc et en affaiblit le bruit.

On comprend dès lors avec quelle sécurité, avec quelle simplicité, l’œuvre terrible de la justice peut s’accomplir. Le condamné, parvenu sur l’échafaud, se trouve debout devant la bascule verticale qui lui vient, d’une part, au-dessus des chevilles, de l’autre, à moitié de la poitrine ; en face de lui s’ouvre la lunette, dont la portion mobile est relevée ; l’exécuteur pousse la bascule qui s’abat, la roule ; la tête semble se jeter d’elle même dans la baie semi-circulaire, un aide la saisit par