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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/31

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Les chineurs sont ceux qui viennent à domicile offrir des étoffes que des circonstances exceptionnelles permettent de céder à bas prix. Les femmes, tentées par le bon marché, se laissent volontiers séduire par ce genre d’escroquerie ; mais elles ne tardent pas à s’apercevoir que les mouchoirs ou les fichus achetés ainsi deviennent promptement une loque informe après la première lessive. Les marchands de vin, les traiteurs, sont exposés à un genre de vol qui se renouvelle tous les jours. Un individu s’attable, dîne bien et déclare, après le dessert, qu’il n’a point d’argent. Le plus souvent, pour éviter tout scandale, on se contente de le mettre à la porte avec une bourrade. Un affamé de cette espèce fait un jour un fort bon repas chez un restaurateur, puis il appelle le maître de la maison et lui dit : « Que faites-vous aux consommateurs inconnus qui n’ont pas de quoi payer leur diner ? — Je les chasse à coups de pied. — Eh bien, payez-vous, » réplique le filou, en prenant une posture de circonstance.

Tout le monde connaît le vol à l’américaine et au bonjour : il est donc superflu d’en parler ; les faits divers des journaux ont depuis longtemps édifié le public à cet égard. Le vol au poivrier est très-fréquent ; il est généralement le début de ceux qui se destinent à la culture du bien d’autrui. Un poivrier, c’est un homme ivre. Le pauvre diable, trébuchant sous le poids de l’ivresse, s’en va le long des boulevards extérieurs, se tenant aux maisons, oscillant et cherchant un point d’appui. Il avise un banc, s’y assied, s’y affermit, s’y endort. Un filou passe, et sous prétexte de porter secours à l’ivrogne, de le placer plus commodément, loin des voitures qui pourraient l’atteindre ou des passants qu’il pourrait gêner, le dévalise, et s’en va. Certains cabaretiers, qui tiennent à ce qu’on ne détrousse pas leurs clients, ont des hommes qui, moyennant un faible sa-