Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/386

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ne dégénère pas en faiblesse et qu’on puisse toujours porter un remède efficace à des besoins de vices, à des débordements qui ne sont que trop fréquents dans les grandes agglomérations humaines[1].

Un congrès international médical a été réuni à Paris en 1867, pendant la durée de l’Exposition universelle, pour chercher le meilleur moyen d’arrêter la contagion menaçante. Les médecins qui, par leur pratique, savaient à quoi s’en tenir sur ce redoutable sujet, ont été très-nets et très-affirmatifs dans les opinions qu’ils ont émises, et le docteur Mangeot semble les avoir toutes résumées en disant : « Au nom des intérêts les plus élevés, nous tenons pour les plus grandes rigueurs dans les mesures administratives, non-seulement pour les femmes publiques et soumises, mais vis-à-vis de ce qui touche plus ou moins à la prostitution clandestine. Toute cette catégorie appartient, selon nous, aux établissements insalubres et doit subir la réglementation. » Le nœud de la question est là, on aura beau chercher, il n’y en a point d’autres. Cependant on a été plus loin et l’on a proposé d’ajouter à l’article 384 du code pénal le paragraphe suivant : « Quiconque, femme ou fille, sans autorisation préalable, aura attenté aux mœurs en se livrant à la débauche, sera punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans, et d’une amende de cinquante francs à cinq cents francs. » Ce n’est point dans un but moral que des médecins, des praticiens, qui avaient sondé la plaie, ont demandé l’adjonction de

  1. Pendant la période d’investissement et sous la Commune, la prostitution, trouvant ses coudées franches, s’est développée outre mesure. Dès qu’on est rentré dans un ordre de choses plus régulier, le service des mœurs a déployé une activité considérable pour restreindre le débordement qui nous menace. En juin, juillet, août, septembre et octobre 1871, les arrestations de femmes pour faits immoraux se sont élevées au chiffre de 7 750 ; tandis que, pour toute l’année 1869, elles avaient été de 8 256. De plus, pendant ces cinq mois, on a prononcé 417 inscriptions ; la moyenne annuelle ne dépasse ordinairement pas 300.