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NUMÉRO 2


Le Palais au quatorzième siècle.


Du palais du roi, où il est parlé des maîtres du parlement, des maîtres des requêtes et des notaires royaux.

Dans ce siège très-illustre de la monarchie française a été élevé un splendide palais, témoignage superbe de la magnificence royale. Ses murailles inexpugnables offrent entre elles une enceinte assez vaste et assez étendue pour pouvoir contenir un peuple innombrable. Par honneur pour leur glorieuse mémoire, les statues de tous les rois de France qui jusqu’à ce jour ont occupé le trône, sont réunies en ce lieu ; elles sont d’une ressemblance si expressive, qu’à première vue on les croirait vivantes. La table de marbre, dont la surface uniforme offre le plus brillant poli, est placée au couchant, sous le reflet des vitraux, en sorte que les convives sont tournés vers l’orient ; elle est d’une telle grandeur, que, si j’en citais les dimensions sans fournir la preuve de mon dire, je craindrais qu’on ne me crût pas.

Le palais du roi n’a été ni décoré pour l’indolence et les grossiers plaisirs des sens, ni élevé pour flatter la vanité fausse et trompeuse d’une vaine gloire, ni fortifié pour abriter les perfides complots d’une orgueilleuse tyrannie ; mais il a été merveilleusement adapté aux soins actifs, efficaces, complets de la prudence de nos rois, qui cherchent sans cesse par leurs ordonnances à accroître le bien-être public. En effet, sur les sièges élevés qui s’offrent des deux côtés de la salle, on voit s’asseoir presque tous les jours des hommes d’État, que l’on nomme, d’après leurs fonctions propres, les uns, maîtres des requêtes, les autres, notaires du roi. Tous, suivant leur rang, obéissant aux ordres de la royauté, travaillent à faire prospérer la chose publique ; c’est d’eux qu’émanent presque incessamment les faveurs bienveillantes et honorables des grâces ; c’est par eux que sont présentées les requêtes pesées avec les balances de l’équité la plus sincère.

Dans une vaste et belle chambre, à laquelle donne accès une porte spéciale, pratiquée dans le mur septentrional du palais, parce que les affaires difficiles qui s’y traitent exigent une plus grande tranquillité et une plus complète retraite, siègent à leur tribunal des hommes d’une habileté toujours éveillée, que l’on nomme les