tête. Rapidement, d’un seul bond, les deux adversaires s’éloignent et prennent du champ, puis ils se précipitent l’un sur l’autre, le front baissé, comme deux béliers ; à chaque coup bien porté, la galerie applaudit. Heureusement, il se trouve toujours là quelque sergent de ville alerte, quelque garde de Paris solide pour ramasser les combattants et les jeter au violon.
Il faut que ces plaisirs aient un bien grand attrait pour tous ces misérables, car, au risque de leur liberté, ils y reviennent invariablement. C’est toujours dans les mêmes cabarets, dans les mêmes cafés, dans les mêmes bals qu’on les retrouve. L’expérience n’y fait rien, elle s’émousse sur une sorte de besoin inexplicable et irraisonné de retourner vers les mêmes jouissances. C’est ce qui peut faire douter de l’intelligence de beaucoup d’entre eux ; ils n’ont guère que de l’instinct, semblables à ces animaux qui, traqués, pourchassés, repassent fatalement par des endroits pleins de périls, où le chasseur avisé les attend avec la certitude de les voir arriver. Cette persistance dans l’habitude est, à de très-rares exceptions près, un fait commun aux voleurs. Tout malfaiteur est homme de plaisir ; tôt ou tard, quel que soit le danger qui le menace, il retournera à son vieux péché, dans les lieux habituellement fréquentés par lui, où on le guette pour le saisir et le livrer à la justice. Lorsqu’il est arrêté, il affecte l’attitude d’un opprimé, d’un vaincu et non point celle d’un coupable qui a outragé la loi.