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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/68

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les grands criminels. Si l’on regarde vers le passé de notre histoire, vers ces temps que l’on préconise encore, si l’on se rappelle qu’en 1609 on prescrivit de fermer les théâtres à quatre heures du soir, en hiver, à cause des bandes de voleurs qui, la nuit venue, se ruaient sur la ville ; si l’on n’a pas oublié les vers de la sixième Satire que Boileau écrivait en 1665 ; si on a gardé la mémoire de cette aventure racontée par Buvat, à la date du 9 septembre 1720, de vingt soldats aux gardes qui, ayant volé des pièces d’écarlate aux Gobelins, se retranchent dans une maison et tuent les archers envoyés contre eux ; si l’on se souvient qu’à la veille même de la Révolution les malfaiteurs trouvaient légalement des lieux d’asile inviolables dans les enceintes du Temple, de l’Abbaye et ailleurs, on conviendra que nous jouissons d’une sécurité que n’ont point connue nos ancêtres.

Les moyens mis en œuvre à cette époque pour reconnaître et arrêter les vagabonds feraient rire aujourd’hui le sergent de ville le plus novice. Les Hollandais Villiers, dans la curieuse relation de leur Voyage à Paris, nous racontent un fait dont ils ont été témoins, et qui prouve avec quelle simplicité on procédait alors :

« Le 9 août 1657, passant sur le pont Neuf, nous vismes le lieutenant civil avec une demi-douzaine de conseillers, suivis de plus de cinquante personnes, tant exempts que sergents et archers, tous armés de carabines, qui demandaient à un chacun qui portoit l’épée, sa condition, sa demeure, et ce qu’il faisoit ; s’il n’en pouvoit pas rendre bon compte, on luy ostoit tout aussi tost l’espée, et s’il faisoit difficulté de la donner, on le menoit en prison. Nous vismes ainsi traiter trois ou quatre personnes qui estoient fort lestement ajustées, et qui avaient la plume sur le chapeau. Cet examen et visite se fait pour chasser tous les vagabonds et filoux