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Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/92

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M. Gisquet, et ce fut lui qui, rompant avec une tradition absurde, prononça la dissolution de la fameuse brigade, par arrêté du 15 novembre 1832, et la reconstitua immédiatement sur d’autres bases, en spécifiant que nul individu ayant subi une condamnation, si faible qu’elle fût, ne pourrait en faire partie. De là grand émoi pour les agents, qui, ne sachant plus trop que devenir, se refirent voleurs de plus belle. L’impulsion donnée a été suivie ; l’idée première a pris du corps sous la direction de M. Gabriel Delessert, et aujourd’hui les inspecteurs du service de sûreté ne sont pas seulement pris parmi des individus purs de toute condamnation, ils sont choisis avec un soin extrême, après enquête, parmi les sous-officiers qui, sortant de l’armée, demandent à entrer dans la police.

Partant d’un principe diamétralement opposé à celui qui avait guidé M. d’Anglès, on est arrivé à cette honorable conclusion que des hommes exposés par métier à toutes les tentations de l’ivresse, du plaisir, de la débauche, doivent être d’une moralité de premier titre. Il faut qu’ils puissent traverser les bals, les cabarets, les mauvais lieux sans même sourciller, et que, comme Ulysse, ils aient les oreilles bouchées. Ce n’est pas en un jour qu’on a pu réunir, pour cette œuvre pleine de périls et de difficultés, un personnel impeccable ; mais on y est parvenu et depuis bien des années déjà. Presque tous les inspecteurs de la sûreté sont mariés, pères de famille, et la régularité de leurs mœurs jure singulièrement avec la vie qu’ils sont obligés de mener. Il faut du temps, lorsqu’on les étudie de près, pour comprendre ce double caractère et pour en saisir les dissonances voulues, qui ne sont qu’extérieures et superficielles. La sûreté se compose aujourd’hui d’un officier de paix, chef de service, de quatre commis de bureau, de quatre inspecteurs principaux,