Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/18

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naient se remiser tous les estropiés, les monstres à face humaine, les bateleurs, les montreurs d’animaux savants qu’à cette époque encore on laissait circuler dans Paris. L’endroit était redoutable ; il ne subsista que trop longtemps ; un rapport de police du 26 février 1849 disait : « L’enclos Saint-Jean-de-Latran renferme une population de mendiants qui lui donne un cachet rappelant les anciennes cours des miracles. » L’ouverture de la rue des Écoles, le percement du boulevard Saint-Germain, ont mis pour toujours ce refuge à néant ; les rues voisines, les rues Galande, des Anglais, de la Parcheminerie, la cité Doré, ont recueilli les épaves du naufrage ; mais aujourd’hui ces insupportables mendiants sont disséminés dans des garnis sévèrement surveillés, et n’ont pu trouver à reconstruire l’espèce de forteresse où ils vivaient en groupe, dans un pêle-mêle singulièrement favorable aux méfaits combinés.

De tout temps on avait essayé d’en purger la ville, pour laquelle ils étaient un danger permanent ; par la violence des mesures on peut juger de la gravité du péril : un édit de 1524 condamnant les mendiants au fouet et au bannissement n’a pas grande influence sans doute, car en 1525 on leur enjoint de quitter Paris sous peine d’être pendus ; en 1532, le Parlement ordonne que, enchaînés deux à deux, ils seront employés à curer les égouts, qui à cette époque étaient à ciel ouvert ; le 23 mars 1534, on fait une proclamation dans Paris pour ordonner aux pauvres « escoliers et indigents » de sortir de la ville et pour leur défendre « sous peine de la hart, de non plus chanter doresnavant devant les images des rues aucuns salutz ». En 1561, une ordonnance de Charles IX édicte contre eux la peine des galères, galères perpétuelles, car en ces temps, lorsqu’on avait été rivé aux bancs de la chiourme, on ne les quittait jamais ; sous Henri III, on ordonne d’enfermer aux petites-maisons