Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/240

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ment du carnaval, et viennent à Paris prendre des distractions qui n’avaient rien de commun avec la règle du couvent où elles étaient enfermées. On renonce pour elles à ce système d’amendement, et on les envoie brutalement à la maison des Dames-Saint-Michel, à celle de la Madeleine, et même en correction à Saint-Lazare.

On voulut avoir recours à la colonie modèle par excellence, à Mettray ; mais il ne semble pas qu’on se soit arrêté à rien de définitif, car l’éminent directeur, M. de Metz, déclare que la vie agricole ne peut produire d’amélioration sérieuse que si elle se prolonge dans la vie militaire ou la vie maritime. La seule institution qui n’ait pas donné de résultats désastreux est le pensionnat que l’abbé Halcuin a fondé à Arras ; on y reçoit l’instruction primaire, et, — le nœud de la question est là, — loin de contraindre les enfants à des travaux de culture qui leur répugnent, on leur enseigne un état en les mettant en apprentissage chez des artisans de la ville, où ils vont passer la journée. Aussi, à partir de 1861, on renonce définitivement à l’envoi dans les colonies agricoles, et l’on conserve seulement quelques pupilles dans le pensionnat d’Arras, où ils sont élevés et nourris pour la faible rétribution de trente-six francs par trimestre. Du reste, les directeurs des colonies pénitentiaires semblent s’être rendu justice ; on disait à l’un d’eux : « Quel est le résultat de votre système d’éducation » ? Il répondit : « Un seul, l’évasion. »

L’Assistance publique avait songé un instant, à l’époque la plus fertile de ses illusions, à créer pour son propre compte une exploitation à la fois agricole et pénitentiaire, où elle dirigeait ses élèves récalcitrants. Dix années d’expériences pénibles et de déboires toujours renouvelés lui ont sans doute fait ajourner ce