lontaires, les cas de séquestrations indispensables ne diminuaient pas, et dès lors la préfecture de police s’est vue dans la nécessité d’intervenir, par les placements d’office, en faveur des aliénés dont l’état mental ou l’indigence exigeaient impérieusement l’entrée dans un asile municipal et gratuit. C’est ainsi que ce mode de placement s’est développé, et aujourd’hui c’est par le seul intermédiaire de la préfecture de police que les fous trouvent un abri et des soins[1].
Un certificat médical, une demande d’admission signée par des parents ou des amis du malade, un procès verbal rédigé par le commissaire de police du quartier habité par l’aliéné, relatant les faits de notoriété publique et reproduisant l’interrogatoire qu’il a fait subir à celui-ci, sont les premières pièces exigées. Conduit à une infirmerie spéciale, l’aliéné est examiné par un médecin délégué qui donne son opinion motivée ; dirigé sur l’asile désigné, il y est reçu par le médecin résidant qui le « vérifie », et, s’il le trouve égaré d’esprit, signe son billet d’entrée. Ainsi, pour qu’une séquestration arbitraire ait lieu, il faut que les parents qui formulent la demande, que le médecin qui donne le premier certificat, que le commissaire de police qui rédige le procès verbal, que le médecin de l’infirmerie spéciale, que le médecin résidant de l’asile, se soient tous, au préalable, concertés, qu’ils soient des coquins ou des imbéciles ; c’est là une démonstration par l’absurde qui aurait dû suffire à ramener les esprits les plus prévenus.
Il se présente pourtant dans une ville aussi populeuse que Paris tel cas si subit, si impérieux, qu’il faut négliger toute formalité et agir au plus vite. Un fou, laissé en li-
- ↑ Je n’ai point à m’occuper de la façon dont les malades font leur entrée dans les maisons de santé particulières, et je ne crois pas devoir parler de celles-ci ; en disant le bien que je pense de quelques-unes, j’aurais l’air de faire « une réclame » ; en exprimant mon opinion sur les autres, je craindrais de nuire à l’exploitation d’une industrie privée.