Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/16

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prévu la difficulté, car l’article 3 dit : « Permettons aux administrateurs d’établir aussi, s’ils le jugent nécessaire, dans notre bonne ville de Paris, sous la dénomination de prêt auxiliaire, différents bureaux dudit Mont-de-Piété, ou caisse d’emprunt, de sommes depuis trois livres jusqu’à la concurrence de cinquante livres. »

Ce n’est pas tout d’être autorisé à installer des bureaux auxiliaires et des succursales : il faut louer des locaux, rémunérer le personnel des employés, établir des magasins, alimenter les caisses. C’étaient là de grosses dépenses, auxquelles le Mont-de-Piété naissant n’était pas en état de subvenir. Il eut donc à subir une ingérence étrangère, et admit ce qu’on pourrait appeler le prêt par procuration. Beaucoup de gens, n’ayant pas le temps d’aller jusqu’au Mont-de-Piété, s’adressèrent à d’anciens usuriers qui se chargeaient de faire les engagements moyennant un droit de commission débattu. C’est ce qu’on nomme encore les commissionnaires ; leurs bureaux servaient et servent d’étapes entre l’emprunteur et l’établissement central. Le Mont-de-Piété voulut regimber, faire tout seul ses diverses opérations ; tout ce qu’il obtint fut, le 10 août et le 6 septembre 1779, un double arrêt du parlement, en vertu duquel nul ne pouvait faire la commission du prêt sur gages sans avoir été autorisé par le Mont-de-Piété, et qui fixait le droit acquis aux commissionnaires pour prix de leur intervention. L’installation régulière des bureaux de commission ouverts dans les différents quartiers de Paris complétait, — empiriquement il est vrai, — l’organisation du Mont-de-Piété, et lui permettait d’aller vers les nécessiteux qui n’avaient pas le loisir de venir jusqu’à lui.

Tout fonctionna régulièrement, sagement, à la grande satisfaction du public, qui trouvait dans cette administration nouvelle des secours précieux en échange