Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Célestins ; mais en 1794 on les installa rue des Lombards, au coin de la rue Saint-Denis, dans la maison des Filles Sainte-Catherine. Ils n’y restèrent pas longtemps.

Dès 1800, aux premiers jours du Consulat, on les jette aux Quinze-Vingts, où ils occupent un quartier à part ; l’école devenait hospice, c’était la détruire. Valentin Haüy n’était point un homme de lutte, sa nature presque timide s’effrayait promptement. Il sollicita une destinée meilleure pour ses enfants et ne put rien obtenir. Bonaparte n’aimait point ceux qu’il appelait des idéologues ; or le doux Valentin Haüy en était un ; il avait été théophilanthrope, il avait porté la robe blanche et avait marché derrière le grand pontife Lareveillère-Lépeaux dans les puériles cérémonies dont Notre-Dame avait été le théâtre. Lareveillère avait tenu rigueur au Consulat. Valentin Haüy fut-il soupçonné d’opposition ? prouva-t-il une incapacité administrative trop absolue ? On ne sait ; mais le sort ne fut clément ni pour ceux qui avaient inspiré tant d’intérêt dix ans auparavant, ni pour leur maître.

Celui-ci, fort attristé, n’ayant d’autres ressources qu’une pension de 2 000 francs, ouvrit une école particulière rue Sainte-Avoye, sous le titre un peu prétentieux de Muséum des Aveugles, et ne réussit qu’à faire des dettes qui aggravèrent sa situation déjà fort gênée. Il fut pris de découragement et quitta la France en compagnie d’un de ses élèves nommé Fournier, qu’il aimait beaucoup. À Berlin, il fonda une école qui prospéra, et, se rendant à Saint-Pétersbourg où il était appelé, il s’arrêta à Mittau pour rendre ses devoirs au comte de Provence. C’était le 7 septembre 1806 ; Fournier, qui ne quittait point son maître, après avoir exécuté différents exercices en présence de Monsieur, écrivit cette phrase aussi incorrecte que prophétique : « Saint Louis ayant fondé un hôpital pour trois cents aveugles invalides qui