Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/207

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du poêle, et par ordre supérieur réintégré à l’Institution.

L’Institution n’a pas seulement pour but de donner aux aveugles une instruction quelconque : elle doit aussi les mettre à même d’exercer un métier qui les fasse vivre ; il faut avouer que cela n’est pas aisé, car, s’il est relativement facile de découvrir un état convenable pour un sourd-muet pourvu de deux bons yeux, on se trouve singulièrement empêché en présence d’un homme qui vit dans la nuit. Aussi le nombre des métiers qu’on leur enseigne se trouve nécessairement limité à quelques occupations où le toucher peut, jusqu’à un certain point, suppléer à la vue. Cet enseignement professionnel est très-lent, très-fastidieux, et doit fatiguer ceux qui le pratiquent. Il faut que l’enfant soit parvenu à retenir dans sa mémoire les différentes combinaisons des gestes qu’il doit faire avant d’essayer de les appliquer. Il y a là des jeunes aveugles qui empaillent les chaises ou qui tressent les bandes de rotin pour former le siège ; il y a des tourneurs qui sont adroits et suivent avec le pouce de la main gauche toutes les formes que le ciseau doit donner à la pièce de bois mise en mouvement par le tour ; quelques-uns déploient une véritable adresse et font de menus objets, flambeaux et bougeoirs, qui sont d’une exécution irréprochable.

Ce sont les aveugles qui impriment les livres pointés spécialement réservés à leur usage ; ils composent rapidement sur un composteur coupé de lignes à jour où le caractère s’engage en partie ; la main ne se trompe point de case lorsqu’elle saisit les lettres dans la casse ; elle passe légèrement sur le cadre de chaque compartiment et cela lui suffit pour ne pas commettre d’erreur. La correction des épreuves exige deux personnes : l’une palpe la copie et lit à haute voix, l’autre tâte la forme d’imprimerie et répète la ligne déjà lue. La presse à bras