Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/277

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delles ardentes » aux fenêtres des maisons. Il n’en fut que cela, et Paris n’en vit pas plus clair.

La première tentative faite pour doter la ville d’un éclairage à peu près régulier date de 1558. Un arrêt, rendu le 29 octobre par le parlement et dirigé contre « les larrons, voleurs, effracteurs de portes et huis », ordonne qu’il y aura un falot ardent au coin de chaque rue, de dix heures du soir à quatre heures du matin ; où les dictes rues seront si longues que le dict falot ne puisse éclairer d’un bout à l’autre, il en sera mis un au milieu des dictes rues. » On fit un « cri public » de l’ordonnance, qui fut lue et publiée à son de trompe. Le 24 novembre suivant, les commissaires du Châtelet, les quarteniers, les cinquanteniers, les dizainiers, accostés de deux notables bourgeois de chaque rue, sont chargés de faire le devis des frais probables et de désigner les endroits où devront être placées « les lanternes ardentes et allumantes ». Cette fois, on s’exécuta sans trop de mauvaise grâce, et nous savons à quoi nous en tenir sur ce mode d’éclairage, qui est encore en action dans quelques villes de l’extrême Orient. Un poteau en bois, muni de distance en distance de barrettes libres qui faisaient office d’échelons, portait au sommet un bras de potence auquel pendait une chaînette soutenant un lourd panier de fer rempli de résine et d’étoupes qu’on allumait. C’était simplement un pot à feu qui ressemblait fort au fanal que les pêcheurs à la fouenne mettent à l’avant de leur bateau. Quelque mince que fût le progrès, c’en était un : si la flamme goudronneuse dégageait bien de la fumée, elle projetait du moins une lueur rougeâtre vers laquelle il était possible de se diriger ; elle était supérieure à la mèche vacillante de ces veilleuses perpétuelles brûlant derrière une grille fermée, au pied des statues de saints et de madones dont Paris était plein à cette époque,