Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/287

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à 16 pieds de haut et à 30 toises (58 mètres 470) de distance les uns des autres.

On les laissait allumés toute l’année, excepté pendant les nuits de pleine lune ; qu’il y eût des nuages ou non, qu’on y vît ou qu’on n’y vît pas, la mèche était morte, et les passants avaient tout loisir de se casser le cou. On revint de ce sot usage quelques années avant la Révolution, sur l’initiative de Lenoir, le lieutenant de police ; on se contenta d’éteindre un réverbère sur deux lorsque la nuit était dans sa plus grande période de croissance. Cette médiocre économie a duré assez longtemps pour permettre à Scribe de chanter :

Un réverbère éteint
Qui comptait sur la lune.

On généralisa tant que l’on put l’emploi des réverbères : les goûts de la nouvelle cour y contribuèrent. « Marie-Antoinette et le comte d’Artois, dit Bachaumont, étant spécialement souvent en route, la nuit, de Versailles à Paris et de Paris à Versailles, » on fit éclairer, d’une façon permanente, le chemin depuis Versailles jusqu’à la porte de la Conférence. C’est pendant l’hiver de 1777 que ce travail fut fait, de sorte que l’on pouvait aller de la résidence royale à la grande avenue de Vincennes sur une route munie de lumières : cinq lieues et demie de réverbères ! on n’avait jamais été à pareille fête. Mercier, tout frondeur qu’il est, ne s’en tient pas, et il s’écrie : « Aucune ville ancienne ni moderne n’a offert ce genre de magnificence utile. »

Tant de réverbères se balançant sur la corde, tant de clarté jetée dans les rues, n’avaient point ruiné l’industrie des porte-flambeaux, qu’avait créée jadis Laudati Caraffa : ils encombrent la porte des hôtels où l’on reçoit,

    Roy, commissaire au Châtelet de Paris, sur la demande de Mgr l’ambassadeur de Vienne. (Manuscrit.)