Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/295

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il cherchait à utiliser à la fois la production de la chaleur et celle de la lumière. Il fit des expériences publiques, et d’après la description qui en a été publiée, on voit que c’était une illumination complète des appartements, des cours, des jardins, par mille points lumineux qui affectaient la forme de rosaces, de gerbes et de fleurs. Tout Paris cria au miracle, et le rapport officiel adressé au ministre déclare que les résultats ont dépassé « les espérances des amis des sciences et des arts ».

Ce qui, dans cette invention nouvelle, frappa le ministre de la marine et le Premier Consul ne fut pas l’avantage qu’on en pouvait facilement retirer pour l’éclairage public, ce fut que la distillation du bois produisait du goudron à bon marché. Qu’on se reporte à l’époque ; notre marine était détruite, on ne rêvait que de la restaurer, de faire des navires à tout prix et de reconstituer une flotte qui permit sur mer une lutte presque égale. On accorda à Philippe Le Bon la concession d’une partie de la forêt de Rouvray, près du Havre, pour qu’il y fabriquât du goudron. La paix d’Amiens avait attiré des Anglais en France ; quelques-uns s’associèrent à Le Bon, partagèrent ses travaux et trouvèrent dans ses procédés une simplicité pratique qu’ils n’oublièrent pas lorsque la reprise des hostilités les eut rejetés de l’autre côté de la Manche. D’un naturel confiant, Philippe Le Bon admettait volontiers les étrangers à visiter la grande exploitation qu’il dirigeait et qui fournissait à la marine des quantités de brai considérables. Il reçut les princes Galitzin et Dolgorouki ; ceux-ci lui offrirent de venir exploiter sa découverte en Russie, aux conditions qu’il fixerait lui-même ; il refusa en déclarant qu’il n’était qu’à son pays.

Les principaux fonctionnaires de France furent mandés à Paris vers la fin du mois de novembre 1804 pour