Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/308

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qu’elles conservaient encore et feront un brai d’une grande puissance. Jamais l’axiome de l’industrie moderne, — il ne doit pas y avoir de résidu, — n’a été mieux mis en pratique qu’à La Villette. Tout y est utilisé, et il faut qu’un morceau de houille ait été absolument vitrifié par le feu pour qu’on ne trouve pas moyen d’en extraire quelques parcelles de coke combustible.

Il ne suffit pas au gaz d’avoir « barboté » dans l’eau qui remplit la partie inférieure du barillet pour s’être purgé de tous les éléments qu’il doit perdre. Cette première opération ne lui enlève que les matières les plus encombrantes ; il est gras encore, et ne produirait qu’une clarté fumeuse. Du collecteur où il s’est élevé, il descend dans une série de tuyaux recourbés au sommet, communiquant les uns avec les autres et qu’on nomme les condenseurs ; en style d’usinier cela s’appelle des jeux d’orgues. Si ce gros instrument était muni de clefs et d’une embouchure, il pourrait servir d’ophicléide à Gargantua. Le gaz s’y promène et s’y refroidit en passant le long des surfaces de fonte qui sont en contact avec l’air extérieur ; là il ne se purifie pas, il se condense.

Une machine pneumatique qui a le grand avantage de besogner en silence, fait le vide dans des conduits souterrains aboutissant au condenseur et attire le gaz dans des colonnes cylindriques ayant 1 mètre 50 de diamètre et dont l’intérieur est garni de corps rugueux, coke, fragments de briques, de pierres meulières. Ce sont les laveurs : vivement aspiré par l’action de la machine, le gaz y pénètre avec une certaine force, se glisse à travers toutes les aspérités qui oblitèrent la cavité et, en les frôlant, abandonne les parties goudronneuses et solides dont il est encore alourdi. Cette fois le voilà devenu léger, « maigre, » comme l’on dit ; cepen-