Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/313

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elle le loue à forfait pour la somme de 200 000 francs, que la compagnie lui verse chaque année. De plus, celle-ci rembourse tous les frais de pavage que nécessite la pose des tuyaux ; ces frais se sont élevés à 179 667 fr. en 1869, et sont évalués à 100 000 francs dans le budget municipal de 1873. La compagnie parisienne est privilégiée, il est vrai, mais son privilège lui coûte cher. Au lieu de payer l’impôt dont l’entrée des houilles est frappée à Paris, elle acquitte un droit fixe de deux centimes par mètre cube de gaz fabriqué ; de ce seul chef elle a payé 2 508 953 francs en 1872 ; de plus, un traité intervenu le 7 février 1870 l’oblige à verser sur ses bénéfices, à la caisse de la ville, une part proportionnelle qui a été de cinq millions. La ville de Paris a donc, en 1872, touché 7 708 953 francs de la compagnie du gaz ; c’est là une grosse somme : elle représente la taxe de l’éclairage public.

Celui-ci fonctionne, il faut le reconnaître, d’une façon irréprochable. Le système de l’allumage est combiné de telle sorte que Paris entier est éclairé presque subitement. Les 750 allumeurs, portant en main la perche brisée surmontée d’une petite lampe que protège une robe de tôle percée de trous, se mettent en marche, ouvrent le robinet de chaque candélabre, enflamment le bec, qui produit un jet de lumière en forme de papillon, et ont fourni en 40 minutes un trajet équivalant à 1 500 kilomètres environ. L’extinction va plus vite encore, et n’exige pas même une demi-heure. Le nombre des appareils lumineux répandus aujourd’hui dans Paris contient 36 575 becs exclusivement réservés à l’éclairage public. Pendant la nuit des fêtes publiques, — lorsqu’il y en avait, — le spectacle des illuminations par le gaz, où de longs rubans de feu dessinaient le couronnement de l’Arc de Triomphe, reproduisaient les contours de l’Hôtel de Ville, s’allongeaient en colliers