Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à travers la Culture Sainte-Catherine et on le conduisit au ruisseau Ménilmontant, au delà du fossé de circonvallation, qu’il franchissait dans un canal de pierre. C’était plus qu’on n’avait fait pour l’égout Montmartre, qui traversait le fossé dans une de ces auges de bois que l’on nomme techniquement une buse.

L’égout Sainte-Catherine devait avoir pour destinée d’être particulièrement désagréable aux demeures souveraines ; il empoisonnait le palais des Tournelles, qui s’élevait où nous voyons aujourd’hui la place Royale. Louis XII et François Ier, qui l’habitèrent, se plaignirent en vain d’un tel voisinage ; le prévôt des marchands fit la sourde oreille, et le roi fut réduit, pour offrir à sa mère un logement moins insalubre que les Tournelles, à échanger sa terre de Chanteloup, prés Montlhéry, contre une maison appartenant à Nicolas Neuville de Villeroy ; le contrat est daté du 12 février 1518 ; Louise de Savoie prit possession de sa maison, qui s’appelait déjà l’hôtel des Tuileries à cause des fabriques de tuiles dont elle était environnée. Henri II ne fut pas plus heureux ni mieux écouté que François Ier ; il a beau, en 1550, mander le prévôt des marchands et les échevins à Saint-Germain, et leur intimer l’ordre de s’entendre avec Philibert Delorme pour détourner l’égout pestilentiel de la Culture Sainte-Catherine ; il a beau, le 23 mars 1553, renouveler ses instances par des lettres pressantes, il n’obtient rien qu’une délibération en vertu de laquelle « le maître des œuvres de la ville » sera tenu de faire nettoyer une fois par an le cloaque dont se plaignent tous les habitants du logis royal. Ce fut le palais des Tournelles et non l’égout qui quitta la place. Après le tournoi du 30 juin 1559 et le malheureux coup de lance de Montgomery, le palais fut abandonné et démoli en 1564, ainsi que le prescrivaient les lettres patentes que Charles IX signa le 28 janvier 1563.