Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/342

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qu’elles suivent en détachant çà et là des branchements particuliers ; sur la voûte même, ces faisceaux grisâtres qui ont l’air de fagots de sarments sont les gaines de plomb où, dans une enveloppe de gutta-percha, les fils du télégraphe électrique bavardent en silence à l’abri de l’humidité. Un long tuyau, trop étroit pour conduire de l’eau, trop large pour porter un fil de métal, glisse le long des murs ; que contient-il ? Écoutez : un bruit rapide et acéré comme un sifflement de javelot vient d’y passer ; c’est le chariot de cuivre, chargé de dépêches, qui franchit l’espace dans le tube du télégraphe pneumatique. Paris est bien réellement un corps vivant : les organes cachés de ses fonctions ne se reposent jamais.

La chambre s’ouvre sur la berge de la Seine par une large voûte ; dans l’épaisseur du mur, on a ménagé un bureau pour les employés, une officine pour les lampistes, des cabinets où l’on enferme les palettes, les balais, les pelles, les bottes nécessaires aux égoutiers. Sur des piliers de fer fichés dans le trottoir qui domine la cunette où l’égout roule ses eaux limoneuses, on a placé des lampes munies de globes en porcelaine ; c’est une petite illumination. Les hommes d’équipe, vêtus de blouses blanches, sont à leur poste. Les curieux arrivent avec des cache-nez et de gros paletots pour parer aux rigueurs d’une température qui n’est cependant point redoutable, car elle reste presque invariablement fixée entre 11 et 13 degrés. Pendant que l’on attend les retardataires, on peut gagner lestement l’embranchement de la rue Saint-Denis. C’est un vieil égout à sec ; la voûte est de moellons moisis, comme la muraille ; il n’y a ni trottoir ni cunette. Le radier (le lit) est formé de pavés ; on a peine à s’y tenir debout, c’est une ruelle couverte. Lorsque l’on s’échappe de ce caveau pour rentrer dans l’égout Rivoli, c’est comme lorsque l’on