Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/362

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même de Paris, avec l’insatiable marché des Halles pour débouché certain. Le conseil municipal de Paris a compris l’importance d’un si beau projet, et les fonds nécessaires à l’exécution ont été votés.

Le résultat sera considérable ; non-seulement il vivifie une terre morte et fertilise la stérilité même, mais il débarrasse la Seine de ces détritus qui l’encombrent, il rend la navigation plus facile et économise tous les frais que le dragage forcé entraîne aujourd’hui. En outre il peut nous rendre, à nous autres Parisiens, un service fort appréciable : du moment que les eaux des collecteurs ne se versent plus en rivière, l’égout peut sans danger et avec avantage pour la salubrité publique venir jusque dans nos maisons chercher toutes les immondices, de quelque nature qu’elles soient, et remporter celles-ci mystérieusement sans que nul s’en aperçoive. Nous serions ainsi délivrés de ces lourdes voitures qui ébranlent le pavé de nos rues pendant que tout sommeille, de ces travaux désagréables qui ne commencent qu’après minuit, et l’on pourrait fermer à toujours les voiries écœurantes de Bondy. Rien ne serait plus simple que de réaliser ce projet, dont tous les détails ont été étudiés depuis longtemps, qui n’offre aucune difficulté pratique, et qui serait pour Paris une cause d’assainissement très-précieuse[1].

Une objection se présente naturellement à l’esprit : cette masse d’eau souillée peut arriver dans les réservoirs des Grésillons en quantité tellement énorme qu’il soit matériellement impossible de l’utiliser ; il faudra donc la rejeter à la Seine, et l’on n’aura fait alors que déplacer un inconvénient, on l’aura transporté de la

  1. Paris possède actuellement (avril 1873), 85 275 fosses d’aisances ; 19 203 sont mobiles ; 6 444 ont des appareils diviseurs branchés sur égout ; 52 128 nécessitent les travaux nocturnes que l’on sait ; 8 000 échappent à tout nettoyage.