Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/44

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une fille en quête d’argent pour aller au bal. En somme, la diversité extraordinaire des articles qui passent sous les yeux donne plutôt l’idée d’une gêne momentanée que celle d’une vraie misère : je crois que l’on commet une grosse erreur en assimilant le Mont-de-Piété aux institutions de bienfaisance.

Les commissaires-priseurs, sous leur responsabilité, accordent un certain crédit à leur clientèle ; ils reçoivent un à-compte qui ne peut jamais être inférieur à cinq francs, et mettent alors le marchand en « débet », c’est-à-dire qu’ils gardent en nantissement de la somme impayée l’objet vendu, jusqu’à ce que le bordereau soit intégralement acquitté. Ce sont là des conventions particulières dont l’administration ne s’occupe pas. Beaucoup de bonis ne sont jamais réclamés et tombent momentanément dans la caisse du Mont-de-Piété pour passer ensuite dans celle de l’Assistance publique. En 1868, on a vendu 162 254 objets, et l’on n’a payé que 91 426 bonis, c’est-à-dire une moyenne de 56 pour 100.

Telles sont les opérations du Mont-de-Piété, qui sont fort habilement combinées pour donner à la fois satisfaction au public et à l’administration ; elles exigent une surveillance de toutes les minutes et une ponctualité exemplaire. Il faut se mettre en garde contre les réclamations d’emprunteurs peu scrupuleux ; aussi a-t-on soin d’indiquer toutes les avaries dont sont atteints les nantissements offerts, et parfois cependant l’on se trouve bien embarrassé lorsqu’un employé novice ou ahuri a mal libellé une reconnaissance, comme celle-ci que j’ai vue et qui portait pour désignation : une camisole de cuivre.

Les comptes des années 1870 et 1871 ne donneraient qu’une idée imparfaite du mouvement du Mont-de-Piété ; les événements y avaient apporté un trouble profond. La dernière année normale est 1869 ; elle n’accuse